Illettrisme

Mieux vaut prévenir…

En juin 2021, le président Macron annonçait que la lecture serait la grande cause nationale de l’année 2022. Deux chiffres étaient mis en avant : 2,5 millions de personnes illettrées âgées de 18 à 65 ans (chiffres de 2019) dont 50% exercent une profession. Cet illettrisme représente un lourd handicap pour ces adultes éprouvant des difficultés à lire, à comprendre un texte simple et à effectuer des calculs faciles.

Ce handicap se traduit par une impossibilité à déchiffrer une notice sur une boîte de médicaments, à effectuer seul des démarches administratives, à vérifier un ticket de courses au supermarché, ou encore correspondre avec les enseignants de ses enfants, lire un plan pour s’orienter, etc.

Que 7% de la population adulte française soit illettrée interroge.

Parmi les solutions présentées, lors de la semaine nationale de lutte contre l’illettrisme, figurent des formations pour les adultes sur des périodes longues pour réapprendre les fondamentaux que sont la lecture, l’écriture et le calcul, des compétences fondamentales généralement acquises dans les petites classes de l’école primaire. On agit après coup, ce que l’on appelle la remédiation.

L’importance de la prévention

Pour les 2,5 millions d’adultes concernés, les formations sont parfaitement adaptées, mais pour ceux qui arrivent derrière, les enfants d’aujourd’hui, futurs adultes, agissons-nous suffisamment tôt et massivement ?

Les études menées depuis des décennies ont identifié que l’illettrisme résulte majoritairement d’un désapprentissage. Les personnes illettrées aujourd’hui, ont été des enfants ayant appris à lire, à écrire et à compter, mais qui, sur la durée, ont perdu ces compétences. Cela confirme clairement la nécessité de renforcer l’acquisition des fondamentaux pour les enfants les plus fragiles, qu’ils soient issus de milieux modestes en zones urbaines ou rurales. Des fondamentaux mal acquis ou fragiles à 6-7 ans auront des conséquences visibles dans les dix années suivantes.

Chaque année, des signaux d’alerte sont envoyés au moment de la Journée Défense et Citoyenneté (JDC) où tous les jeunes de 16 à 25 ans sont évalués notamment sur leurs compétences en lecture. Plus d’un jeune sur 10 apparaissait en difficulté pour lire et comprendre un texte simple et la moitié semblait en situation d’illettrisme.

Le désapprentissage est la conséquence directe du fait d’avoir mal appris. Pour l’illettrisme, cela relève des fondamentaux : lecture, écriture et calcul. Pour bien apprendre, l’école est une condition nécessaire et suffisante pour 80% des élèves, pour les 20% restants, elle est nécessaire mais n’est pas suffisante. Cela signifie qu’il faut ajouter des ressources dont l’enfant ne dispose pas à l’école pour qu’il en profite complétement. Un exemple : les enfants issus de milieux modestes maîtrisent en moyenne 500 mots en classe de CP contre 2500 mots pour les mieux pourvus.   

Or on apprend beaucoup plus facilement à lire et à écrire les mots qu’on a déjà entendus. D’autres facteurs favorisent l’apprentissage de la lecture, avoir des échanges fréquents entre enfants et parents à la maison et des activités associées au plaisir et au partage. Ces facteurs favorables font souvent défaut aux enfants de milieux modestes.

Massifier l’action de Coup de Pouce

Mais, il existe une solution complémentaire de l’école, portée par l’association Coup de Pouce pour que ces enfants aient les mêmes chances que les autres. Cette solution permet à des petits groupes de 5 enfants sélectionnés par leur professeur d’accéder à un moment privilégié, quotidien, après l’école. Les clubs proposent aux enfants de grande section de maternelle, de CP et de CE1, des activités de développement du goût de la lecture et du calcul, pour donner confiance tout en impliquant étroitement les parents dans le processus. Résultat ? A la fin de l’année, 80% des enfants sont devenus de bons lecteurs, et 83% ont progressé significativement dans leurs compétences en mathématiques. Pour ces enfants ayant pris confiance dans leurs capacités et appris à aimer l’école, il sera plus facile d’aborder la suite de leur scolarité en confiance.

Mais, cette solution ne touche aujourd’hui que 10% des enfants qui en ont besoin et essentiellement en zones urbaines, quand les besoins sont si importants dans les zones rurales. En intervenant de manière précoce, sur des zones géographiques élargies, on peut faire reculer l’illettrisme.

C’est à quoi travaille la Fondation AlphaOmega en accompagnant les grandes associations éducatives dont Coup de Pouce. Nous sélectionnons les associations sur des critères de qualité et de solidité de l’offre éducative, prouvés scientifiquement et ayant atteint une taille critique et une implantation sur tous les territoires, urbains et ruraux pour commencer à avoir un impact visible. Par un apport de financement et de compétences pour renforcer leur structure, la Fondation accompagne ces grandes associations et permet un élargissement de leurs projets.

Mais il faut également agir à la source pour obtenir des résultats significatifs, c’est-à-dire mettre l'accent sur la prévention ! Aujourd’hui nous avons une solution à proposer : développer l’action de Coup de Pouce en zones urbaine et rurale.

En aidant 50 000 enfants par an, cela réduirait drastiquement l’illettrisme. Et puis terminons sur une note positive, plus les enfants seront consolidés dans l’acquisition durable de ces compétences fondamentales, plus cela les protégera du décrochage scolaire, cet autre fléau d’ampleur nationale.

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